Comment l’association L’Arcu Di Sperenza a enfanté le groupe FIAMMA
Après le décès, de ma mère, Jacky Micaelli, chanteuse et figure emblématique du chant corse, le 16 septembre 2017, je n’ai plus chanté de polyphonies. Les « voix » avec lesquelles j’avais l’habitude de chanter se sont dispersées telles des abeilles au moment d’un essaimage.
Je pensais pouvoir continuer ainsi ma vie, sans chanter la polyphonie, du moins je voulais m’en convaincre. Ma gorge était trop serrée pour cela. En effet, un des piliers les plus importants de ma vie me manquait terriblement…
Puis le chant m’a rappelé à lui dans diverses circonstances.
Lors d’un « Concert en hommage à Jacky Micaelli », auquel j’ai participé et qui a eu lieu à Morosaglia, en Corse, à l’occasion de « I fochi di Pasquale Paoli », quelques mois après sa disparition, j’ai eu une véritable prise de conscience : je devais et je pouvais acter la promesse faite à ma mère quelques mois auparavant : reprendre le flambeau !
C’est à la suite de cette expérience et ne nombreux encouragements que j’ai décidé de créer l’association « L’arcu di sperenza » dont je suis la présidente et au sein de laquelle j’anime des « Stages de Polyphonies Corses » aux côtés de Joanne D’Amico (depuis sa création) et de Didier Cuenca (depuis août 2020).
Pour mener à bien ce projet, se sont jointes à moi, Hélène Buti, notre trésorière et la sœur de maman, et Joanne D’Amico, notre secrétaire, une ancienne stagiaire de maman et amie.
Très rapidement, Joanne a trouvé sa place, à mes côtés, en tant que Co-animatrice lors des « Stages de Polyphonies Corses » que nous organisions.
Ces stages, d’une durée de 6 jours chacun, ont lieu, chaque année, en avril et en août.
Nous travaillons durant 5 jours les chants prévus au programme que nous présentons publiquement, dans une église de préférence, le 6ème jour.
Le programme des chants est modifiable en fonction du nombre des stagiaires et de leur rythme d’apprentissage. Nos stages sont ouverts à tous à partir de16 ans aussi bien aux stagiaires débutants qu’aux confirmés. Lors de ces stages, l’accent est mis sur la pratique, l’expérience physique, spirituelle et émotionnelle du chant. La dimension théorique a une place très modeste dans notre pédagogie. Je transmets avec une méthodologie très similaire à celle que j’ai moi-même reçu de Jacky Micaelli. J’y apporte tout de même ma propre touche personnelle.
La transmission de la Polyphonie Corse est une honorable et enrichissante mission que j’exerce avec tout mon cœur en respectant l’éthique et les enseignements que j’ai reçu de ma mère.
Néanmoins il me manquait un espace supplémentaire pour mon épanouissement en tant que chanteuse de polyphonies corses.
Un jour, mon cousin Didier Cuenca, m’annonça, lors d’un échange téléphonique, qu’il venait de quitter son groupe de musique ; il avait choisi de fermer une porte. Le sachant disponible, je lui ai proposé que nous chantions ensemble ; tant, à ce moment-là, mon besoin de chanter était devenu vital.
Mais, il y eut le « Confinement » …
Notre projet de rencontres musicales est resté en sommeil durant ce temps suspendu.
A la fin du confinement notre besoin de nous rencontrer pour mêler nos voix et nos cœurs s’est fait plus pressant. Nous nous sommes donné rendez-vous à la chapelle « A Scala Santa » sur les hauteurs de Bastia, à Monserrato.
Nous n’avions jamais chanté ensemble auparavant et, hormis notre besoin commun de chanter ensemble, rien ne nous laissait présager de la suite des évènements.
Nous avions commencé nos « répétitions » dans l’église en chantant des chants interprétés par Jacky Micaelli, Jean-Etienne et Marie-Langianni dans le CD « Fiamma » dans lequel Jean-Etienne était aussi l’arrangeur. Nous avions choisi ces chants car nous les trouvions mélodieux et parce qu’ils avaient du sens pour nous ; ces chants font vibrer notre âme.
Très rapidement, lorsque des personnes venaient pour visiter la chapelle de la Scala Santa, elles étaient attirées par ces vibrations que la chapelle ne pouvait contenir à elle seule, nous fûmes surpris par leur réactions et leurs retours ; elles étaient touchées viscéralement, aux larmes pour certaines.
Nous venions de comprendre que ce qui s’était révélé de notre expérience commune, à savoir : l’harmonie, la spiritualité et les émotions ressenties à travers le chant ne se limitaient pas au simple noyau que nous formions tous les deux ; les notions de « partage » et de « communion » prenaient, ici, tout leur sens.
Pendant ce temps de travail (plaisir) commun, notre seule frustration était l’éloignement géographique de Joanne D'Amico qui vit sur le continent. Il nous manquait notre « cerise sur le gâteau ». Depuis Joanne a mis en place son projet de retour en Corse pour retrouver ses racines.
Cela nous a encouragé à poursuivre notre « travail des chants » ensemble dont la finalité est le partage, la communion et le rayonnement.
Ces chants que je connaissais depuis plusieurs années et que j’avais chanté avec ma mère auparavant, Didier les découvrait. Sa vitesse d’apprentissage, fut spectaculaire à mes yeux et, petit à petit, le projet d’intégrer Didier en tant que troisième animateur pour le « Stage de Polyphonies Corses » qui devait se dérouler au mois d’août, se dessinait. J’ai pensé qu’il serait un précieux soutien pour nous tant au niveau de ses compétences dans le chant qu’au niveau de ses traits de personnalités dont la liste des qualités serait trop longue à énumérer. Pour en faire un résumé : C’est une Belle personne !
Parallèlement, nous décidâmes de créer un Trio avec Joanne, réuni exceptionnellement, lors d’un « Concert en hommage à Jacky Micaelli » Ce Trio composé des trois animateurs devait intégrer le « concert de restitution du stage de polyphonies corses » qui a eu lieu en d’août dernier (2020).
L’expérience du stage d’août et du « Concert de restitution en hommage à Jacky Micaelli » nous a conforté dans notre désir de construire des projets, ensemble, dans l’avenir.
Didier a accepté notre proposition pour être le troisième Co-animateur de nos futurs stages à venir.
Cette union à trois et celle formée ensuite avec les stagiaires a produit de très belles choses sur le plan humain mais aussi au niveau artistique et spirituel.
A l’issue de cette expérience, un nouveau projet est né avec Didier, Joanne et moi-même ; celui de créer notre groupe de Polyphonies Corses, le Trio FIAMMA .
Ces projets ont éclos comme la nature au printemps lorsque la vie reprend.
Telle la graine qui était restée sous la terre à mûrir tout l’hiver, je me suis élevée vers la Lumière tant mon envie de vivre était grande : une envie de vivre et de voir grandir, autour de moi, d’autres belles fleurs…
Ce qui a inspiré le choix de notre groupe : FIAMMA ?
FIAMMA, ce fut d'abord le titre d'un cd, enregistré par Jacky Micaelli, Jean-Etienne et Marie Langianni, concrétisation de leur belle amitié.
Aujourd'hui, nous reprenons, entre autres, les titres de ce cd qui ont un sens profond pour nous. C’est une forme de transition, de continuité tel un passage de flambeau, la transmission d’un maillon à un autre d’une chaine qui s’étend à l’infinie…
FIAMMA c’est un peu de cette Lumière Sacrée dont la source est faite de ces petites flammes qui s’éveillent vers un but commun au service de la grande Œuvre.
Maman disait, souvent, lorsque nous chantions ensemble : « Nous sommes ici pour servir L’Œuvre ! »
A chacun d’en donner son propre sens. Tout ne peut pas s’expliquer…
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